Old ladies

           Gibson Les Paul 1968-1976 - Standard, Custom, Deluxe

 

 

En 1968 Gibson décide de rééditer 2 modèles Les Paul. Un accord a-t-il été trouvé avec Les Paul pour l'utilisation de son nom? Certainement. Pourquoi avoir choisi de rééditer la Les Paul Standard dans sa version Gold Top/P90 plutôt que dans la version sunburst/humbuckers? Si avec du recul cette dernière option semblait évidente, en 1968 l'exposition  de ce dernier modèle aux Etats-Unis n'a pas encore atteint son paroxysme. Côté britannique, John Mayall Bluesbreakers ou ex-Bluesbreakers, Mick Taylor et Peter Green jouent tous les deux sur des bursts  mais n'ont peut-être pas encore atteint le statut d'influenceurs. Eric Clapton dans Cream a définitivement délaissé la sienne (volée?) au profit d'une SG Standard puis d'une ES-335 et d'une Firebird I. Jimmy Page joue encore sur une Telecaster avec les Yardbirds. C'est pourtant sous l'influence d'E. Clapton que Michael Bloomfield va acheter en 1967 celle de Dan Erlewine des Prime Movers  et sera probablement à l'origine d'un engouement jamais démenti.
 

 

 

Gibson Les Paul Standard (Model , STD) 1968, dans son étui d'origine

C'est globalement la réédition (chevalet tune-o-matic et Stop Tailpiece) du modèle de 1955 avec les boutons de potentiomètres reflectors dorés en service depuis le  début des années 60.

 

Brian Jones - Gibson Les Paul Model 1968 - Rolling Stones Rock&Roll Circus - Décembre 1968

 

 

Gibson Les Paul Custom 1968, dans son étui d'origine

La guitare est bien équipée de micros doubles-bobinages et se rapproche de la version 2 micros du modèle 1957. Les boutons des potentiomètres ressemblent à ceux des ampli Fender et sont connus dans la littérature anglo-saxonne sous le nom de witch hats, chapeaux de sorcières.

 

Creedence Clearwater Revival - John Fogerty - Gibson Les Paul Custom - 1970

 

Mad Dogs & Englishmen - Leon Russell - Gibson Les Paul Custom - 1970

 

Les Les Paul prennent la grosse tête

Dans un soucis de rationalisation (et d'économie) Norlin, le nouveau propriétaire de Gibson, utilise les manches prévus pour les Les Paul Custom (dont la tête plus large permet d'accueillir les multiples filets) sur les Standard et les nouvelles Deluxe, ce qui se traduit sur ces dernières par une "grosse tête" assez disgracieuse. 1969.

 

 

Gibson Les Paul Deluxe 1969

Nouveau modèle apparu en 1969. C'est globalement une Les Paul Standard équipée des micros doubles-bobinages mini-humbuckers montés jusque là sur les Epiphone haut de gamme. Là encore, dans un soucis de rationalisation, les corps sont les mêmes que pour les Les Paul Standard et les micros sont montés dans des logements plastique de la taille d'un P90. Notez la grosse tête et le manche acajou 3 pièces apparu cette année là. La guitare n'a encore (voir plus bas) ni la marque MADE IN U.S.A, ni la volute, ni le corps sandwich.

 

 

 

 

Ca va sans dire mais ça va encore mieux en le disant

Devant la montée en qualité des modèles des concurrents japonais, les Gibson sont maintenant marquées Made in USA à l'arrière de la tête, ce qui allait de soi jusqu'à présent. Vers 1970.

 

 

Pour trouver une solution au problème récurrent des têtes cassées (en partie dû à la cavité creusée pour accueillir le réglage du truss-rod) ...

 

... Gibson adopte la solution retenue par Guild depuis 1965, une épaisseur de bois supplémentaire (on parle de volute) à la jonction tête-manche ...

 

... la taille de la volute, d'abord discrète, augmentera avec les ans ...

 

... sans pour autant que le problème soit définitivement réglé

 

Sandwich ou pancake?

Depuis 1970, le corps est composé d'une fine pièce d'érable prise en sandwich entre 2 pièces d'acajou.

 

Boo-boo rings

Encore et toujours dans un soucis de standardisation (et d'économies), des corps de Les Paul Custom, troués pour des humbuckers plein taille ont parfois étés utilisés pour des Les Paul Standard ou Deluxe, ce qui a nécessité pour ces dernières l'adjonction d'un deuxième logement plastique englobant le premier, connu sous le nom de boo-boo ring dans la littérature anglo-saxonne.

 

1972, l'année des 4 belles rééditions

En plus des Firebird V et Flying V Medallion, Gibson réédite cette année là, (miraculeusement) à l'identique, la Les Paul Standard Goldtop 1953 (chevalet-cordier wraparound non compensé) et la Les Paul Custom 1955 micros Alnico V

 

Gibson Les Paul Standard 1972, étui d'origine

 

Gibson Les Paul Custom 1972, étui d'origine

 

Enfin, vers 1976, le manche est composé de 3 pièces d'érable

 

 

 

Les numéros de série Gibson, notamment pour la période allant jusqu'à 1975, sont notoirement inconsistants et insuffisants pour dater une guitare. En complément de la liste ci-dessus donnée par le regretté André DUCHOSSOIR dans l'excellent Guitar Identification et des caractéristiques/dates approximatives abordées ci-dessus ...

 

... votre guitare est probablement équipée de potentiomètres CTS. Si ceux-ci sont d'origine (soudures propres), 137 indique qu'il s'agit bien de potentiomètres CTS. Les 2 chiffres suivants, ici 75, donnent les deux derniers chiffres de l'année, 1975. Les 2 suivants la semaine dans l'année, ici la 47ème. Si cela ne permet pas de dater précisément la guitare, ça indique qu'elle ne peut pas être antérieure à cette date ...

 

 

 

... des capots de micros estampés au logo Gibson indiquent que la guitare date de la fin de 1971 ou des 3 premiers trimestres de 1972.

Si vous avez des remarques, des corrections à proposer ou si vous avez du mal à dater votre instrument, n'hésitez pas à m'envoyer un mail.

 

Marc Sabatier, juin 2023

 

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