Marc La Guerrannic (début des années 50)

Marc Le Guerrannic : jazzman de grand talent, actif des années 50 aux années 70. Il était dans de très bons "bains" (voir la coupure de presse un peu plus bas) et était arrivé deuxième au concours du meilleur guitariste de Paris (ce qui n'était pas rien !), l'année où Sacha Distel a gagné ce concours, au début des années 50 sans aucun doute.

La photo date de cette période. Mon père, né en 1929, avait 4 ou 5 ans de moins que Marc. Ils se connurent au tout début des années 50.

Une très grande amitié lia ces deux musiciens, passionnés de jazz, de Django ... et du jeu d'échecs.

Je l'ai très bien connu : Marc était un "personnage" incroyablement surprenant et libre : bref, un musicien de l'époque !

Tony Romain et Marc Le Guerrannic au début des années 50- Vallée de Chevreuse

Une photo sans guitares mais qui symbolise bien ces années d'après-guerre : jeunesse, insouciance, joies simples, amitié forte. Un scooter, un plateau de jeu d'échecs (leur grande passion), deux musiciens qui s'appréciaient et qui étaient tout simplement de très grands amis. J'aime beaucoup cette photo. Marc Le Guerrannic, comme mon père après lui et tant d'autres guitaristes, adorait la fine moustache comme la portait Django Reinhardt. Ce n'est pas du tout un hasard. Je trouve d'ailleurs que Marc ressemble vraiment beaucoup à Django, son idole !

Jean-Louis Francillard me précise que le scooter est un Bernardet

Marc a pris sa retraite à la campagne mais est resté "actif" tout de même. Un musicien ne s'arrête jamais de jouer! Je ne sais pas ce qu'il est devenu depuis. Il devrait avoir dans les 90 ans maintenant.

La guitare de M. Le Guerrannic est probablement une Royal

Edmond Fontaine est le prototype parfait du musicien de Pigalle : chef d'orchestre avec une grande  ou une petite formation, comme sur la photo. Il avait une activité énorme et partait assez loin chaque semaine . Je me souviens de mon père nous racontant une soirée au Clos du Voujeau pour l'intronisation d'une personnalité à la confrérie des Chevaliers du Tastevin, de merveilleux galas à St Malo ou à Dijon . Féru du jeu du 421, il habitait au pied de la place Pigalle, dans une petite rue qui monte vers la butte. Son seul défaut était ... sa femme  D'une jalousie maladive, elle l'obligeait à rentrer le soir même après le spectacle. Il avait interdiction de coucher à l'hôtel qui était pourtant prévu pour les musiciens (des fois qu'il aurait eu des idées ...) Tout ce beau monde rentrait donc dare-dare à Paris, Edmond Fontaine au volant, et ce qui devait arriver arriva : il finit deux fois sa nuit dans un fossé, la voiture accidentée, mon père à ses côtés. Pas de gros bobos mais d'énormes frayeurs !

 

Il est mort dans les années 80, d'une crise cardiaque. Il était usé. La vie d'artiste n'est pas toujours drôle!

L'orchestre de Norman Maine, une ou deux années avant les "tournées Pernod" (1967 et 68). On reconnait le trompettiste André Béoti et le bassiste.

Le plus beau et le plus élégant bateau que la France ait eu!

Trio Mollica, au bar du paquebot France - 1972 ou 1973.

Une légende tenace voudrait que les musiciens se retrouvent toujours au bar!

Si le France était son fleuron, la Compagnie Générale Transatlantique possédait plusieurs paquebots (ici le De Grasse, lors d'une croisière au Cap Nord).  Les musiciens passaient souvent d'un paquebot à l'autre, selon les croisières et les saisons. Le batteur, Loïc Binard, avec les lunettes noires, était bien plus jeune que mon père et Jean et apportait la touche rock très demandée à l'époque (aujourd'hui aussi d'ailleurs !)

Radio-crochet - Paquebot De Grasse - 1972

Les après-midi étaient organisés des sortes de radio-crochets où les passagers pouvaient venir pousser la chansonnette. L'orchestre était en mode décontracté mais l'exercice était particulièrement difficile car le quidam chanteur démarrait sa chanson dans la tonalité de son choix et les musiciens devaient immédiatement transposer les accords du morceau. Pas question d'y passer une heure. Sur-le-champ!

Un beau souvenir que ce réveillon. J'ai accompagné mon père (en spectateur) à cette très select et prestigieuse soirée. L'animateur, chanteur et batteur Eric Mazens, fut une grande vedette dans les années 50, 60 et 70 avec son grand orchestre. Il fit de longues tournées en Afrique et enregistra beaucoup.

J'ai eu l'honneur de jouer avec lui au début de ma propre carrière (j'était encore au lycée!)

Jean Mas en juin 90 à St Laurent du Var en trio de Jazz. Il avait pris sa retraite à Nice mais était resté actif lui aussi, son pupitre et sa guitare toujours à portée de main. Cinquante ans de métier, ce n'est pas rien!

La guitare de Jean Mas est certainement une Gibson ES-175T, naturelle. Le guitariste à gauche joue sur une Hagström Jimmy, dans sa version avec des ouïes en "f".