Quand le 27
Janvier dernier j’ai appris le décès de Pete Seeger, j’ai
vraiment ressenti la disparition de quelqu’un qui faisait
partie de ma vie.
J’étais encore au
collège quand, lors d’un cours d’anglais, la prof, pour qui
tout le monde en pinçait, nous fit écouter un disque de Pete
Seeger « American favorite ballads » pour moi ce fut LA
révélation, à tel point qu’à la fin du cours j’ai été
demander à la prof de bien vouloir me prêter son disque.
Quelques semaines plus tard mon père m’achetait ma première
guitare, une Gérome vendue chez Paul Beuscher, qui devint une
importante partie de moi-même et qui me permit de jouer et
chanter toutes les chansons du disque. Merci Pete et merci
Mme A….. prof d’anglais.
J’ai, au long de
ma vie, acquis une belle collection de vinyles et CD de lui
que j’écoute toujours et qui, selon les moments que je vis
me touchent profondément.
Pete Seeger avait
94 ans, il était né en 1919, ses parents Charles Seeger
Junior et Constance divorcèrent au milieu des années 20.
Charles avait contribué à la fondation du département d’ethnomusicologie à l’université de Californie ; Constance
était violoniste concertiste et avait aussi enseigné à la
Julliard School. Charles se remaria avec Ruth Crawford,
étudiante en musique et compositrice qui contribua à la très
importante anthologie de folk music The American Songbag.
Pete commença à
jouer du ukulélé quand il était encore écolier, il découvrit
le banjo 5 cordes à 17 ans et demanda à son père de lui
trouver quelqu’un avec qui travailler cet instrument ; Ils
contactèrent Bascom Lamaar Lunsford l’organisateur du
Mountain Dance And Folk Festival en Caroline du Nord où ils
s’installaient. Il passa les quelques années suivantes à
apprendre le banjo.
Il entra ensuite
à Harvard pour étudier le journalisme, là, il commença un
journal politique et joignit la Ligue des Jeunes
Communistes. Il quitta l’université après deux années et
partit pour New York City pour aider Alan Lomax à faire un
catalogue et transcrire la musique aux archives de American
Folk Song à La Library of Congress.
La vie de Pete
était entièrement consacrée à la folk music et aux réalités
socio-économiques de ceux qui la créaient. Il devint donc
une figure de proue politique qui chanta ses chansons aux
réunions engagées, pacifistes, pour les droits de l’homme,
pour les marches, à l’université et dans les festivals folk.
Il jouait du banjo ou de la guitare pendant ces
performances. Il devint célèbre pour ses adaptations de
spirituals ou de chansons traditionnelles qu’il encourageait
les publics à chanter avec lui.
En 1942 il fût
appelé par l’U.S.Army et formé comme mécanicien d’aviation
mais se joignit à une unité de comédiens du Pacific Theater.
Après la guerre il reprit les concerts et en 1949 forma les
Weavers, un groupe folk qui comprenait aussi Lee Hays, Ronnie
Gilbert et Fred Hellerman. Au début des années 50 le groupe
avait déjà vendu quatre millions de singles et d’albums mais
l’appartenance de Pete au parti communiste (qu’il a pourtant
désavouée avant de créer le groupe) est revenue le hanter
quand fût publié un pamphlet qui établissait la liste
d’artistes ayant des liens avec le parti communiste. Le
groupe fût mis au ban et se sépara. Pete Seeger fût convoqué
à la Chambre des Représentants et, après avoir refusé de
répondre aux questions concernant ses idées politiques, fût
condamné à un an de prison. Le jugement fût, plus tard,
suspendu.
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