Old ladies

           Jack BRUCE  

 

       
 

Nous avons eu la tristesse d'apprendre le décès du chanteur bassiste Jack Bruce bien connu pour sa participation au trio Cream avec Ginger Baker et Eric Clapton.  

Notre propos n'est pas ici de faire une biographie de l'artiste mais d'envisager quelques uns des instruments qu'il a utilisés au cours de sa carrière.  

Jack Bruce avait débuté la musique par le violoncelle classique et le piano,  puis était passé à la contrebasse jouant notamment avec le Freddie Riley Trio,le Big Band de Muray Campbell (qui était réputé jouer en kilt) et les Scottsville Jazzmen. Apres avoir gagné la considération de Ginger Baker et Dick Heckstall-Smith (l'homme qui jouait de deux saxophones à la fois comme Roland Kirk) en déjouant tous les pièges qu'ils lui tendaient lors d'un « bœuf », il entre sur leur recommandation dans le Blues Incorporated d'Alexis Korner. Il y joue toujours de la contrebasse.

   
       
     
 

De gauche à droite : Dave Stevens, piano, Dick Heckstall-Smith, saxophone, Alexis Korner, guitare, Jack Bruce, contrebasse, Mick Jagger, chant, Charlie Watts (caché), batterie, Cyril Davies, Harmonica. A. Korner joue sur une Martin 000-18 avec micro DeArmond branchée sur ampli Harmony. J. Bruce décrit dans une interview sa première contrebasse comme bon marché, en contreplaqué.  Il a acheté par la suite une contrebasse allemande puis une tchèque. Le sax ténor de D.Heckstall-Smith est un modèle King Super 20.

   
       
 

Il en est de même lorsqu'il intègre le Graham Bond Quartet, qui deviendra Graham Bond Organisation lors du remplacement de John McLaughlin par Dick Heckstall-Smith. C'est à cette époque qu'il passe à la basse électrique pour les besoins de sessions avec le guitariste jamaïcain Ernest Ranglin,  qui jouait à l'époque dans l'orchestre du Ronnie Scott's. Il s'agit d'une copie de Fender Precision de marque « Top Ten ».

   
       
   
 

De gauche à droite : Jack Bruce, basse, Dick Heckstall-Smith, saxophone, Ginger Baker, batterie, Graham Bond, orgue Hammond.

   
       
 

Toujours lors de son passage chez Graham Bond il ressent le besoin d'avoir un ambitus plus étendu et porte son choix sur une Fender Bass VI . C'est ce qu'on pourrait appeler au sens propre une « guitare basse » car elle comporte 6 cordes accordées comme une guitare une octave en dessous. J Bruce expliquait qu'au départ de John McLaughlin, en l'absence d'un guitariste, il avait besoin de jouer des chorus « guitar like » d'où l’intérêt d'un si et d'un mi aigus.

   
       
     
 

Jack Bruce, Fender Bass VI, Graham Bond, orgue Hammond.

   
       
 

   
 

The Graham Bond Organization au National Jazz and Blues Festival à Richmond, Surrey, le 7 août 1965

   
       
 

Après un bref passage dans le groupe de John Mayall «The Bluesbrakers » il joue avec Manfred Mann  en gardant la Bass VI.

   
       
     
 

Manfred Mann, orgue, Mike Hugg, batterie, Jack Bruce, bass, Lyn Dobson, saxophone, Paul Jones, chant, Tom McGuinness, guitare

   
       
 

Il forme ensuite Cream  en jouant toujours sur la Fender . Elle sera par la suite peinte comme la Gibson SG de Clapton par The Fool, ce qui n'enchante pas particulièrement Jack Bruce : «  when it got painted, the neck was so sticky I couldn’t play it ». Après qu'ils l'aient peinte, elle était si collante que je ne pouvais plus en jouer ...

   
       
 

   
       
 

 
       
 

"Dès que The Fool a finalisé l'image du groupe, avant même que les instruments soient secs, on organise une séance de photos avec Clapton, Bruce et Backer dans leurs atours multicolores, enveloppés de fumée et exhibant leurs guitares récemment repeintes"

   
       
     
       
 

   
 

Beat Club - Cream - Strange Brew

   
       
 

C'est une des raisons pour lesquelles il en est venu à choisir la Gibson EB3 qu'il va populariser. Il souhaitait pouvoir jouer sur sa basse comme sur une guitare et était à la recherche d'un son qui se démarque de celui des Fender. La Gibson avec sa division plus courte lui offrait cette facilité de jeu, et son gros micro côté manche produisait sur les « stacks » Marshall un son distordu qui s'intégrait bien dans le contexte de Cream . Par la suite, après avoir démoli bon nombre de haut parleurs (les basses Gibson étaient bien connues pour ça!) il se fera monter par Dan Armstrong, qui avait à l'époque un magasin à New York sur la 42e rue en face de Manny's, un circuit de distorsion qui s'activait sur une des positions du Varitone.

   
       
     
 

Jack Bruce's Gibson EB3 Bass sur http://www.vintageandrare.com

   
       
 

   
       
 

   
 

Cream's Farewell Concert - Royal Albert Hall - 26 novembre 1968

   
       
   
 

Il continue cependant à joue de la contrebasse comme en témoigne cette photo en studio ... (enregistrement de Fresh Cream)

   
       
 

 
 

... et des claviers (Orgue Hammond C3, Strange Brew Recording sessions)

   
       
 

Toujours dans la boutique de Dan Armstrong il trouve une Danelectro Longhorn, qu'il utilisera sur quelques morceaux « elle avait un son très intéressant, un peu comme un piano ».

   
       
     
       
 

"Bruce se plaignait que la peinture sur la Bass VI ne sécherait jamais convenablement et lors leur premier voyage il a acheté une Dan Electro Long Horn dans la boutique de Dan Armstrong à New York alors que Clapton a acheté une Danelectro 6 cordes."

   
       
 

   
 

Cream - I Feel Free - Paris, Palais Des Sports - 1er juin 1967

   
       
 

   
 

On retrouve la basse EB3 lors des formations ultérieures : Jack Bruce and Friends (Larry Coryell, Mitch Mitchell et Mike Mandell)

   
       
 

   
 

En concert avec Chris Spedding, Graham Bond and Co. en 1971. Jack Bruce, bass, John Marshall, batterie, Chris Spedding, guitare

   
       
 

   
 

Avec le Lifetime de Tony Williams 1970-1971 Larry Young, orgue, Jack Bruce, basse, John McLaughlin, guitare, Tony Williams, batterie

   
       
     
 

Avec Leslie West et sa Fying V bidouillée (un P90 en position chevalet) - West Bruce and Laing

   
       
 

   
       
 

   
 

Il essaiera cependant d'autres basses : fidèle à Dan Armstrong il lui fera réaliser une Dan Armstrong Ampeg Fretless ...

   
       
 

 
  puis une Dan Armstrong London visible lors de concerts avec Mick Taylor et avec le Bruce Taylor Bley Band (The Jack Bruce Band Featuring Carla Bley and Mick Taylor)    
       
 

   
 

Mick Taylor joue sur la Gibson ES-355 walnut qu'il utilisait avec les Rolling Stones

   
       
     
       
 

   
 

Jack Bruce Band - Old Grey Whitle Test - 1975

   
       
 

   
       
  Il utilisera plus tard une Music Man, une Aria SB1000 dans les années 80 pour finalement conclure un accord avec la marque allemande Warwick qui sortira un modèle Jack Bruce Signature    
       
 

   
 

Jack Bruce, contrebasse, Dick Heckstall-Smith, saxophone, John Hiseman, batterie

   
       
  Jack Bruce, interviewé par Willie G. Moseley dans le numéro de mars 2002 de Vintage Guitar

Q. Vous avez toujours privilégié une attaque avec un doigt « dur » des cordes de la basse …

R. C’est parce que j’utilise des techniques propres à la contrebasse, et je joue toujours comme ça, même sur une fretless. C’est assez particulier, ça vient aussi d’avoir joué de la veena, un instrument de musique classique indienne. Je l’ai étudiée dans les années 60 et je m’y suis remis. La technique sur cet instrument implique une sorte de tremolo, avec votre index allant d’avant en arrière.

Je pensais que j’étais le seul, mais quand j’ai rencontré James Jameson, je me suis aperçu qu’on le surnommait « le crochet » parce qu’il utilisait surtout son index. On utilise bien sûr aussi  le majeur et l’annulaire à l’occasion. Mais cette technique inspirée de la veena que j’avais développée l’a intéressé pour jouer des passages très rapides.

   
       
 

   
 

Jack Bruce - Rope Ladder To The Moon

   
       
 

   
 

Catalogue Aria 1981

   
       
     
       
     
       
 

   
 

L'utilisation depuis quelques années d'une basse Gibson EB1 était peut être un coup de chapeau à Felix Pappalardi qui était le bassiste de Mountain (avec Leslie West) et le producteur de Cream.

   
       
 

 
       
  Jean-Louis Francillard et Marc Sabatier  

1 novembre 2014